lundi 28 novembre 2016

Les Primaires : une supercherie antidémocratique ?

Les Primaires : une supercherie antidémocratique ?

Cela fait des semaines que nos médias s'étalent à longueur de colonnes, de reportages et d'interviews sur les "petites phrases", les programmes et les portraits des candidats "Les Républicains" aux premières primaires de la droite française. Au-delà du fait que cet événement est l'occasion pour des petits politiciens sans envergure d'asseoir leur notoriété dans leurs fiefs respectifs (Jean-Frédéric Poisson, Bruno Lemaire ou NKM), pour un ex-Président de tenter un retour sur le devant de la scène (avec le résultat pathétique que l'on sait désormais), pour deux ex-premiers ministres aux bilans calamiteux de se refaire une virginité et nous laisser croire qu'ils seraient les hommes du renouveau, les Primaires de droite comme de gauche sont de nouveaux procédés de communication des partis de gouvernement pour occuper la scène médiatique. Problème : ces mêmes médias en jouant le jeu de ces entités politiques jouent en fait contre l'information, contre les institutions, contre la démocratie. Démonstration. 

Un storytelling médiatique en faveur des partis de gouvernement. 

Pour rappel, le storytelling médiatique qui consiste à nous enfumer en laissant croire que François Fillon est un candidat écouté et plebiscité par "les Français", la réalité est tout autre. Sur l'illustration jointe à cet article, la partie grisée est celle des Français (inscrits sur les listes électorales) qui n'a pas voté. En bleu, la part de "les Français" qui trouve recevable le profil et le programme ultralibéral et punitif de François Fillon et en rouge la part des soutiens d'Alain Juppé et de son programme ultralibéral et punitif. 

La primaire est surtout une technique de communication consistant à occuper le terrain durant des mois et rappeler que les médias en général sont des excroissances de ces partis de gouvernement qui détruisent tout ce qui fut acquis et conquis par les luttes, les combats, les convictions et le sang de nombre de nos ancêtres. Cette mécanique pré-élective est en réalité une arme de guerre, un bombardement incessant de la presse qui, pour l'essentiel, appartiennent à quelques capitaines d'industrie propriétaires de 90% des massmédias en France. 

Si le Parti des Travailleurs ou les Radicaux ou encore le Modem organisaient des primaires, il n'y aurait même pas une manchette dans les organes de presse. En janvier, ce sont les socio-libéraux dits de "gauche" qui occuperont le terrain laissant penser à ceux qui se contentent des médias de pouvoir qu'il n'y a qu'un choix entre FG, PS, FN et LR... C'est ça la démocratie moderne : la dictature de l'escroquerie médiatique (société du spectacle).

Des médias à la botte des officines de communication. 

La question qui se pose également, c'est pourquoi des médias du service public déploient tant de moyens (plateaux, heures d'antenne, etc.) pour une élection interne de partis politiques (même si le vote est ouvert au tout venant) ? Comment se fait-il que les temps de présence des candidats des primaires écrasent à ce point celui d'autres volontaires aux Présidentielles françaises ?

Dans l'illustration jointe, nous voyons que 91% des Français n'ont pas participé et n'ont pas exprimé un choix durant ces deux dimanches des primaires de droite. Je gage qu'ils ne seront pas plus nombreux à s'exprimer lors des primaires de gauche. Si les sondages sont désormais totalement discrédités, il y a des questions à se poser quant à la probité des médias, à leur objectivité et à leur compromission. Les journalistes, depuis le Brexit et l'élection de Donald Trump crachent ou du moins disqualifient le vote en l'estampillant avec des termes/formules tels que "populiste" ou "petits blancs sans éducation", etc. Cette arrogance est un aveu de faiblesse et d'incompétence. Il serait pourtant si simple de revenir à l'information et non plus se complaire dans le renforcement des messages téléguidés d'officines de communicants spécialisés tant dans le marketing politique que dans le lobbying économique. 

Lorsqu'en janvier les primaires de "gauche" prendront la place des primaires de "droite", aucun média ou presque ne se souciera de ces millions de Français qui s'abstiennent désormais de voter ou qui optent pour le vote blanc ou nul. On a de cesse de parler de crise de la démocratie, mais au fond, si l'on y regarde d'un peu plus près, ne serions-nous pas en train de vivre une déliquescence croissante du métier de journaliste et peut-être même de subir une inféodation totale de la presse au système ultralibéral qui nous dirige ? 

Cette question, bien sûr, contient la réponse. 

 

Léonel Houssam

 

Source : Agoravox.fr

 

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