vendredi 6 janvier 2017

Les médias de masse, dans le déni ou combat ?

Les médias de masse, dans le déni ou combat ?

Les médias de masse sont selon la définition : Une institution ou un moyen impersonnel permettant une diffusion large et collective d’informations ou d’opinions, quel qu’en soit le support.

Et à ce propos, le documentaire au sujet de Poutine récemment diffusé sur France 2 montre un Poutine agressif, autocrate et ancien espion du KGB, avant de montrer un président (tendance despote éclairé) réformiste libéral.

Ce documentaire rejoint les nombreux autres éléments qui nous font prendre conscience du fait que les médias sont en retard, déniant ce qu’on pourrait considérer comme un virage conservateur, ou du moins un changement correspondant aux attentes des électeurs (ce qui peut-nous rappeler l’élection de Syriza en Grèce en tant que premier ministre en septembre 2015).

Ce qui pourrait nous amener à cette interrogation : au delà d’une auto-censure quasiment certaine, les médias sont-ils en retard de manière consciente, en déniant l’actualité, dont le nouveau chapitre d’histoire qui s’écrit depuis quelques mois et qui pourrait atteindre son apothéose en 2017 ?

Le Brexit puis l’élection de Trump, le non au référendum en Italie (on notera également Juncker invitant les politiques des divers pays de l’Union européenne à arrêter de proposer des référendums en lien avec l’Union européenne), et même la victoire de l’écologiste Alexander Van der Ballen aux élections présidentielles qui ont eu lieu en Autriche le 5 décembre dernier, sont à relativiser car tout cela n’est pas aussi progressiste que les partis dits « traditionnels ».

Les choses changent et n’attendent qu’à se révéler mais ne se retranscrivent pas dans les médias, qui persistent dans leur vision anti-russe, « anti-poutine », conflit syrien à moitié couvert, musulmanislam-islamisme aux définitions poreuses… Mais progressistes, consensuels, à la pensée unique et parfois même moralisateurs. Les médias en France ont fait le choix de l’allégeance à l’argent, aux politiques de ceux qui ont dominé le monde ces 30 dernières années.

L’apothéose du traitement médiatique est celui qui concerne actuellement Alep. Est-ce-le fruit du sensationnalisme ? Est-ce dû à une surreprésentation mettant inconsciemment une
vision tronqué des musulmans et de l’Islam dans nos esprits ? Il y a danger en raison des attentats qui ont apporté des arguments à une haine inter-communautaire, et qui seront un boost à l’affrontement pour chaque corps tombant au nom de leur extrémisme.

La question que l’on pourrait se poser serait : à qui faire allégeance ? Aux peuples ? A l’objectivité ? A l’ouverture d’esprit d’un ou de plusieurs mécènes ? Mais là n’est pas le plus important. Ce qui est dérangeant, c’est qu’en plus d’être serviles, les médias en France donnent l’impression de ne pas comprendre que le virage conservateur est une lame de fond qui traverse les mers d’élections en élections et que les prochaines côtes sont françaises… N’ayant pas réalisé qu’un fossé s’est creusé et en choisissant l’argent et le pouvoir avant l’objectivité et le peuple, ils ne peuvent comprendre les interrogations de ce dernier et se retrouveront nus eux aussi quand la bise sera venue. Car en effet, Fillon et Le Pen, à des degrés divers, représentent aussi un virage conservateur.

Les médias sont donc dans le moment présent et servent les puissants d’aujourd’hui. Faut-il le voir comme un manque de stratégie, comme une réflexion/un pari sur certaines têtes en espérant qu’elles seront le futur ou bien faut-il considérer que l’embourgeoisement est facteur de déni, de constance et de conservatisme ?

Le documentaire sur Poutine y répond peut-être : à 1h40min, le documentaire parle de Poutine et de l’arrivée pour lui de Trump pro-poutine, expliquant que le monde est en train de changer et de ce monde qui change, ils y affilient Fillon tout en rappelant qu’il a passé les primaires de la droite, mais reste encore à gagner les élections présidentielles.

Il n’y a pas donc pas d’aveuglement. Il est au contraire question d’une volonté de ne pas voir le monde actuel s’effondrer en s’efforçant de travailler l’imaginaire pour travestir la réalité sociale.

Et puis au fond, le problème vient peut-être aussi du spectateur, du lecteur en lui-même qui demande ce genre de média. Nous vivons dans un monde où on doit répondre à la demande, or la demande c’est nous qui la créons… Qui donc blâmer ?

« La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population. Or, en mettant l’accent sur les faits divers, en remplissant ce temps rare avec du vide, du rien ou du presque rien, on écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques. »

Pierre Bourdieu – 1930-2002 – Sur la télévision – 1996, page 18

 

Source : Planetes360.fr

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Le jeu de l'argent
 

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