lundi 20 février 2017

Fillon, Macron : l’austérité, c’est pour les autres (billet invité)

Fillon, Macron : l'austérité, c'est pour les autres (billet invité)

Billet invité de l'œil de Brutus


De par les conditions mêmes de sa victoire aux primaires et les fondements de son programme,la campagne de M. Fillon s'annonçait déjà comme délicate. Les « affaires » de ces derniers jours n'ont fait qu'accroître la tendance au désastre de l'ancien « collaborateur » du président Sarkozy.

Contre vents et tempêtes, François Fillon s'accroche néanmoins à la légalité des pratiques qui lui ont permis d'abondamment enrichir sa famille, pratiques qui sont, au demeurant, tristement courante dans les deux hémicycles qui forment notre parlement. Stricto senso, d'un point de vue du droit, il est probable que l'enquête judicaire puis éventuellement les magistrats lui donneront raison[i].

Cependant, tout le drame de cette posture, consistant à s'accrocher vaille que vaille à la légalité, réside bien dans le fait qu'elle marque le détachement complet des réalités auxquelles sont confrontées les Français et de ce fait détruit définitivement toute légitimité tant de l'homme que de son discours, de son programme. Que M. Fillon et ses affidés se montrent dans l'incapacité de percevoir à quel point sa situation pose non pas un problème de légalité mais un problème d'éthique politique et par là-même de légitimité en dit long sur l'état de délabrement intellectuel et moral des dits « Républicains ». Car il faut bien se rappeler que dans le même moment où François Fillon salariait abondamment son épouse au frais de la République, il déclarait celle-ci « en faillite »[ii]. Car alors-même que sont émis plus que des doutes sur la « productivité » de la famille de M. Fillon dans les emplois qu'il leur a octroyé avec les deniers de l'Etat, le programme de celui-ci consiste à mettre encore plus de pression sur les fonctionnaires en supprimant pas moins de 500 000 postes par le biais de « gains de productivités » (et étant donné les conditions générales des agents des hôpitaux, de la police, des armées, du corps enseignant, on se demande bien où l'on va pouvoir encore gagner en productivité et en heures supplémentaires ![iii]). Tout ceci alors même qu'au nom des équilibres budgétaires il veut externaliser une bonne part de la sécurité sociale et contraindre donc l'immense majorité des Français à cotiser davantage à des mutuelles privées dont on sait pertinent qu'elles seront plus chères et moins efficaces que notre système de sécurité sociale[iv]. Bref : l'austérité, c'est pour les autres, pas pour M. Fillon ni pour les siens.

Mais il est un autre candidat désormais bien discret sur ces contradictions qui consistent à exiger l'austérité des autres tout en se montrant fort dispendieux avec les deniers du contribuable : M. Macron. L'ancien ministre de M. Hollande, si obsédé par les équilibres budgétaires lorsqu'il s'agit des autres, en semble bien moins préoccupé lorsqu'il s'agit de ses frais de représentation. Il faudra bien, en outre, à un moment donné s'interroger sur l'origine des moyens financiers qui lui permettent, sans être adossé à aucun parti politique bénéficiant de fonds alloués, de mener une telle campagne tambours battants.
Au-delà même du non-sens économique de leurs programmes – qui ne sont que la stricte continuité de quatre décennies de néolibéralisme – messieurs Fillon et Macron consacrent l'aboutissement de l'aboutissement de la logique oligarchique libérale : se servir au lieu de servir.




[i] Nonobstant néanmoins  ce qui pourrait ressortir du fonctionnement de la société conseil crée par M. Fillon à la veille de son élection en tant que député de Paris ou encore des soupçons de détournement émanant de pratiques douteuses semble-t-il plus ou moins généralisées au sein du Sénat. Lire Anne-Aël Durand, Les cinq affaires Fillon pour ceux qui n'ont rien suivi, Le Monde, 02/02/2017.
[ii] Le 21 septembre 2007.
[iii] Il y aurait certes très probablement d'importantes rationalisations à effectuer au sein des collectivités locales. Mais pour ce faire, il faudrait remettre en cause les principes de la décentralisation tels qu'ils se sont progressivement appliqués depuis 30 ans. Ce que M. Fillon se garde bien de faire.
[iv] Une autre histoire de la Sécurité sociale, Bernard Friot & Christine Jakse, Le Monde diplomatique, dec-15.
Sécurité Sociale: le risque de la privatisation, Elie Arié, Le Monde, 20-sept-10.
Santé : c'est la privatisation qui coûte cher,                 Noam Ambrourousi, Marianne, 12-déc-14.
Rajoutons que le programme de privatisation de François Fillon fera la part belle aux lobbies de la santé … ceux-là même qui plombent notre système de santé :

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