lundi 27 mars 2017

Le « match » Fillon-Macron n’est qu’une réédition du « match » Hollande-Sarkozy (billet invité)

Le « match » Fillon-Macron n'est qu'une réédition du « match » Hollande-Sarkozy (billet invité)

Billet invité de l'œil de Brutus


Rappelons simplement quelques éléments.

M. Macron, ce « révolutionnaire » « hors système », fut adoubé en politique par Jacques Attali, ancienne éminence grise de François Mitterrand avec qui il rédigea en 2010 le rapport « pour la libération de la croissance française » (sic !) à destination de Nicolas Sarkozy. Ce rapport préconisait déjà, entre autres, de baisser les cotisations sociales des entreprises et la fiscalité « pesant » sur le secteur de la finance.

C'est donc fort logiquement qu'ensuite M. Macron partit faire un intermède à la banque Rothschild, qui fit de lui un millionnaire, puis obtint le poste de secrétaire général adjoint de l'Elysée de M. Hollande avant d'en devenir le ministre de l'économie. M. Macron fut ainsi le principal instigateur des « réalisations » économiques de M. Hollande et ne se propose à présent que de les continuer en allant encore plus loin dans la flexibilité (comprenez bien : la précarité) et l'ubérisation généralisée. (Néo)libéral, M. Macron est aussi bien évidemment libertaire et dans ce registre il se promet aussi de mettre ses pas dans ceux de M. Hollande en poursuivant les dérégulations sociétales. Bref, M. Macron est le digne héritier de M. Hollande et il prétend continuer son œuvremais avance (plus ou moins bien) masqué pour ne pas trop pâtir de l'impopularité du « capitaine de pédalo » qui fit tant pour lui en politique.  On se demande cependant comment avec un tel bilan et un tel programme il puisse prétendre à un tel niveau dans des sondages, dont, décidemment, il faudra bien un jour ou l'autre se décider à obtenir une réelle transparence (en particulier sur les fameux « redressements », les méthodes des centres d'appel ou encore les orientations manifestes dans la manière dont les questions sont posées)[i].

M. Fillon fut le premier ministre de Nicolas Sarkozy. Il doit donc en assumer la responsabilité du bilan. Et on ne peut pas dire qu'il soit flatteur. C'est d'ailleurs ce qui conduisit les Français à mettre l'ancien maire de Neuilly à la porte en 2012. Non content de cela, M. Fillon se propose tout simplement de poursuivre son œuvre en cassant toujours davantage l'Etat (à coups de privatisations et de suppressions de postes de fonctionnaires[ii]). Mais, cerise sur le gâteau (si l'on peut dire), la récente campagne nous apprend que M. Fillon partage avec son ancien maître certains travers de sa personnalité, en particulier l'affairisme et le goût de l'argent.  Bref, ici aussi, M. Fillon n'est que le simple continuateur de M. Sarkozy et, là encore, on peut se demander ce qui le porte si haut dans les sondages.

Mais ne nous arrêtons pas là car il nous faut constater également l'extraordinaire convergence des deux candidats sur le même socle libéral-libertaire. Ô certes M. Macron penche un peu plus du côté libertaire mais sa volonté d'ubérisation générale de la société n'a rien à envier aux économistes les plus (néo)libéraux. Ceux-ci adoubent tout autant M. Fillon qui se présente volontiers traditionnel et donc, a priori, fort peu libertaire. Mais cela ne fut guère patent lorsqu'il fût aux affaires (par exemple lorsque la « droite », dans la continuité de la « gauche », s'acharna à continuer le massacre de l'Ecole de la République). Et rappelons qu'il n'a promis aucun réel retour en arrière sur les différentes lois sociétales du quinquennat Hollande. Messieurs Macron et Fillon partagent également le même engagement européiste et ont d'ailleurs pris strictement les mêmes orientations, tant en 2005 (référendum sur la Constitution européenne), qu'en 2009 (traité de Lisbonne) et en 2012 (TSCG). L'un comme l'autre, donc, bradent et veulent continuer à brader la souveraineté du peuple français à la technocratie bruxelloise derrière laquelle se cache (de plus en plus mal) les intérêts des lobbys, en particulier financiers.

En pratique, messieurs Fillon et Macron représentent la même idéologie et la même oligarchie. Ils ne sont que les spadassins de deux clans différents qui se battent pour le pouvoir – ou les apparences du pouvoir – au sein d'un même système. A M. Fillon la coterie des assurances (Axa et son ancien Pdg Henri de Castries, CNP assurances dont le patron - Jean-Paul Faugère – n'est autre que son ancien directeur de cabinet), des grands groupes des télécommunications (Guillaume Richard - PDG du groupe O2 - , Stanislas de Bentzmann - co-président de Devoteam) et bien sûr de grands financiers (Romain Bosche - responsable mondial des actions pour le gestionnaire d'actifs Amundi - , Antoine Gosset-Granville - associé du cabinet d'avocats d'affaires BDGS) sans oublier l'inévitable Marc Ladreit de Lacharrière, patron du fond d'investissement Fimalac et propriétaire de la Revue des mondes  pour laquelle il fit « travailler » Mme Fillon, et bien d'autres encore. A M. Macron la coterie de quelques grands groupes médiatiques (M. Drahi avec en particulier SFR, Libération, l'Express et surtout BFM TV ; M. Perdriel avec les magazines Challenges et Sciences & Avenir qui l'un comme l'autre cachent de plus en mal leur rôle dans la campagne) et surtout de grandes multinationales de la finance (Rothschild, Goldman Sachs) dont il n'hésite pas à aller mendier les subsides à la City londonienne.

Clarifions ici un point : que des hommes politiques aient des contacts avec de grands patrons n'a en soi absolument rien de choquant. Et, après tout, que les seconds influencent le programme des premiers, pourquoi pas (qu'ils l'achètent – que ce soit à coup de costumes offerts ou de crédits gratuits … – commence tout de même à devenir gênant …). Le « parti de l'argent » peu bien avoir son candidat et quiconque le désire voter pour lui. Ce qui commence à poser furieusement problème dans notre pays, c'est lorsque le fusionnement entre les milieux politiciens, médiatiques et les multinationales atteint un tel degré qu'il parvient à faire croire à une bonne part de la population qu'entre eux (peu importe lequel – Macron, Fillon, Hamon, etc. – en fait)  et le diable en personne (comprenez : le Front national, l'idiot utile de l' « UMPS » qu'il dénonce tant), il n'y a aucune alternative possible. Et nous en sommes là.



[i] Lire Manuel anti-sondages, la démocratie n'est pas à vendre, recension par l'œil de Brutus,
[ii] Notons que le dimensionnement de la Fonction publique peut tout à fait légitiment faire l'objet d'un débat. Mais pour cela encore faudrait-il proposer autre chose que des coupes sombres argumentées par de fantomatiques promesses d'hausses de la productivité (sic !). C'est-à-dire énoncer clairement quels seraient les secteurs de la fonction publique qui seraient visés. Et aujourd'hui tout à chacun n'ignore pas que certains secteurs de la fonction publique territoriale sont devenus éminemment obèse et que c'est donc là que pourrait – devrait ? – porter l'effort. Mais cela, M. Fillon ne le dit pas.  Et pour cause : tous ces postes – contrairement à la fonction publique d'Etat – sont aussi potentiellement des réservoirs à clients pour les potentats locaux eux-mêmes au service de M. Fillon (et pas seulement : on retrouve le même schéma au P « S » et chez ses affidés).

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