mercredi 21 juin 2017

La rivalité irano-américaine à l’épreuve de la guerre en Syrie, par Caroline Galactéros

La rivalité irano-américaine à l'épreuve de la guerre en Syrie, par Caroline Galactéros

Source : Caroline Galactéros, 03-06-2017

En décembre 2004, quelques mois avant que l'Irak ne se dote d'un gouvernement à dominance chiite, le roi Abdallah de Jordanie, allié des Etats-Unis, popularisait dans un entretien au Washington Post l'expression de « croissant chiite » pour mettre en garde contre la volonté de l'Iran d'étendre son influence vers la Méditerranée via Bagdad (Irak), Damas (Syrie) et Beyrouth Sud (Liban).

Une décennie plus tard, cet "axe chiite" tant redouté par les puissances sunnites est plus que jamais au cœur de l'actualité avec les guerres de Syrie et d'Irak. La situation précaire dans laquelle se trouve le Moyen-Orient procède effectivement d'au moins deux dynamiques. Il y a d'une part l'équilibre fragile né de la rivalité américano-russe alors que Washington est depuis plusieurs années affaibli par les guerres-fiascos du Golfe et que Moscou, historiquement attaché aux mers chaudes, y est devenu à nouveau un acteur central. D'autre part, la situation précaire au Moyen-Orient découle du bras de fer opposant Téhéran au monde sunnite comme à Israël et aux Etats-Unis. Enfin, il convient évidemment de ne pas oublier les enjeux énergétiques qui forment l'arrière-plan de cet affrontement multi-facettes.

Les deux phases de la guerre en Syrie

La guerre en Syrie, présentée principalement dans les médias comme "une guerre juste" contre l'Etat islamique, est d'abord et avant tout le fruit de ce double jeu de tensions. De 2011 à aujourd'hui, la première étape de cette guerre fut celle de la remise en cause du « nouvel ordre mondial » né des décombres de la chute de l'URSS en 1991. Un nouvel ordre dominé par une seule hyperpuissance, gendarme planétaire auto-proclamé, qui pouvait, du jour au lendemain, faire chuter un dictateur jugé soudainement récalcitrant ou infréquentable. La chute de Mouammar Kadhafi en 2011 fut l'ultime manifestation, triomphale mais paradoxale, de ce nouvel ordre mondial en forte déconfiture morale depuis 2001 et plus encore depuis l'invasion de l'Irak en 2003. L'intervention occidentale a entraîné la colère de la Russie et de la Chine, qui se sont senties à juste titre "jouées" par les occidentaux qui outrepassèrent très vite le mandat onusien qu'elles avaient consenti à donner à l'OTAN. Vladimir Poutine promit qu'on ne l'y reprendrait pas et commença à poser les bases d'une nouvelle réalité internationale que l'on connaît désormais par l'expression de "monde multipolaire".

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